Apprendre à Dessiner

MasterClass Dessin

Ce que vous avez vu en Masterclass Dessin Académique

Quel est le principe et l’avantage du sight size.

Comment placer votre chevalet correctement (verticalité) et le modèle ainsi que votre feuille de papier.

Comment bloquer votre position. Repères au sol et tenue du corps.

La rotation des poignets.

Comment placer le fil à plomb de référence.

Comment vous placer dans l’espace. Le triangle idéal.

Comment vous assurer que votre dessin tiendra dans la feuille.

Comment placer le dessin au bon endroit. (mise en feuille)

Comment tailler les crayons.

Comment placer un point.

Comment définir les 4 points extrêmes.

Comment aborder la forme englobante.

Comment lire les formes négatives.

Comment démarrer la construction.

Comment reporter les hauteurs, les largeurs, les angles.

La règle de « général à spécifique »

De l’épure à l’épure fine.

De l’épure fine au dessin détaillé

Comment aborder les ombres et les valeurs.

Réaliser sa gamme de valeur.

Comment continuer...

piedvenus A4 MasterclassDessin
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BARGUE, Charles
Pied de la Vénus de Médicis_pl.I-8
Cours de Dessin n° 1
lithographie
Collection Musée Goupil, Bordeaux
©Mairie de Bordeaux, reproduction photographique L.Gauthier
Epure fine.

Vous avez en principe réussi à mettre votre image en place et à définir ses proportions.
Il y a de nombreuses manières de mettre un dessin dans son état final avec les ombres et toutes les valeurs justes.

La méthode académique est une méthode précise qui apporte les moyens de ne pas se tromper.

Mais qu’en est-il du bon moment pour poser des valeurs ?

Ce qui suit est extrait et adapté d’un livre en cours d’édition sur le Sight Size. Si ce livre vous intéresse, écrivez à Piet pour vous mettre sur une liste de diffusion qui vous avertira lors de sa sortie.

Les valeurs
Je n’ai pas encore parlé des valeurs et de leur rendu alors que votre modèle en a certainement au moins quelques-unes. Il y a une raison à cela. Les valeurs posent des problèmes totalement différents de ceux du dessin en lignes. Or si vous ne partez pas d’un dessin quasiment parfait, vos valeurs seront impossibles à placer correctement.
On peut dire que l’ajout de valeurs c’est passer d’un dessin en lignes à un dessin en masses. Deux approches fondamentalement différente et loin de s’opposer ces deux approches ont souvent besoin de se soutenir l’une l’autre. Dans le cas présent nous choisissons de les faire se succéder, le dessin en masse faisant son entrée au deuxième acte de la pièce.
Les valeurs contribuent fortement à donner l’illusion de la 3e dimension. Si le dessin n’est pas juste les valeurs n’arrangeront absolument rien bien au contraire. Elles ne feraient qu’accentuer les incohérences et rendront les formes les plus régulières bosselées ou déformées. C’est la raison pour laquelle je vous ai demandé de résister à les indiquer avant l’heure. Il y a de rares exceptions à cette règle mais elles dépassent le cadre de cette initiation.
Quand vous allez attaquer la pose de valeurs il faudra résister à une nouvelle tentation : poser des valeurs trop foncées dès le début, donc trop tôt. C’est suffisamment important pour que je prenne le temps de détailler ce danger.

La légèreté des valeurs
Votre modèle présente des zones de valeurs variées. Repérez l’une de ces zones et si possible choisissez l’une des plus foncées.
Reproduisez cette zone au trait, à main levée sur votre dessin si vous ne l’aviez pas déjà détourée durant la phase du dessin en lignes. Si besoin était, commencez par en dessiner le contour. Remplissez-la ensuite d’une teinte grisée. Cette teinte ou en l’occurrence ce gris doit impérativement être très clair et posé avec beaucoup de légèreté. Voici pourquoi.

Monter les valeurs progressivement

Il faut choisir une première valeur parmi les plus foncées.
Si vous choisissez de placer une valeur moyenne, vue sur le modèle, un gris moyen par exemple, dès le début, il y a de grandes chances que vous l’interprétiez avec une valeur trop foncée sur votre dessin. C’est une tendance naturelle.

Dès cet instant vous n’aurez plus la marge nécessaire aux tons les plus foncés.
Cela vous obligerait à compresser les valeurs foncées ce qui rendrait vos valeurs confuses. Au contraire démarrez très léger, vous vous garantirez la marge nécessaire pour ajuster les valeurs les unes par rapport aux autres par la suite.
Et rappelez-vous qu’il est plus facile d’alléger un ton clair à la gomme qu’un ton soutenu.
Bien évidemment descendre dans la gamme vers le foncé ne pose aucun problème si vous vous êtes laissé une bonne marge de manoeuvre en démarrant très clair, trop clair oui mais à juste titre..

Commencez donc par placer les valeurs foncées de votre modèle avec des tons très légers et uniformes sur votre dessin.
Cette méthode a deux avantages supplémentaires.

Le premier est de commencer, en particulier au fusain, à remplir les creux du grain du papier avec une poudre claire qui accueillera plus facilement les valeurs plus soutenues aux passages suivants.
Rien n’est plus laid qu’une teinte au fusain piquée de points blancs ou clairs venant des creux du grain du papier. Cet effet “chair de poule” est toujours décevant et parfois même désagréable visuellement.

L’autre avantage supplémentaire est l’ouverture à une conception des valeurs typiquement académique. La séparation des valeurs en deux familles qui ne se fréquentent pas, ou au plus, se côtoient parfois, mais très brièvement en de rares occasions.

Deux familles ennemies
La première sera la famille Foncée l’autre la famille Claire.
Sur les planches de Charles Bargue concues pour prendre conscience de cette notion, la séparation saute aux yeux.

Pour mieux identifier ces deux familles il faut apprendre à pincer les yeux. Lorsque vous pincez les yeux ou plissez les yeux, comme vous voudrez, vous atténuez la lumière en regardant au travers de vos cils. Cela a pour effet de réduire la perception des valeurs intermédiaires que l’on nomme en principe les demi-tons. Les demi-tons foncés se fondent aux tons sombres et les demi-tons clairs se fondent au tons clairs. La teinte du papier fait toujours partie de la famille des clairs même s’il n’est pas blanc pur.

Cette règle s’inverse vous travaillez avec des crayons clairs ou des craies sur un papier noir ou très foncé. Si vous travaillez à partir d’une planche de Bargue fidèle aux originaux, telles que celles rééditées par Bargue Encore, les modèles étant lithographiés sur des papiers à peine teintés leur nuance rentrera aussi dans la famille des clairs. Nous resterons ici dans les explications qui vont suivre sur un modèle académique réalisé sur un papier blanc ou grisé, mais clair.

Commencez par la famille «foncée»

Plissant les yeux, vous allez dessiner les pourtours des zones de la famille foncée et omettre les autres.

Comme indiqué plus haut vous ne remplirez ces zones que d’un ton très léger. La seule caractéristique des zones ainsi traîtées sera d’appartenir à la famille des tons sombres mais vous ne les ferez pas différentes les unes des autres quant au gris léger que vous leur appliquerez.
Attendez de les avoir toutes pré-teintées en aplats avant de continuer. Lorsque toutes seront matérialisées vous passerez à la suite dont je vous donne la méthode maintenant.
Placez votre noir maximum

Regardez votre modèle et identifiez ,dans la famille des foncés la zone qui présente le ton le plus foncé de tout ce que ce modèle vous offre comme nuances de valeurs.
Si deux ou encore davantage de zones offrent la même intensité, prenez celle que vous voulez.
Placez-y la valeur la plus foncée que vous pouvez atteindre avec le crayon ou le fusain que vous utilisez pour faire votre dessin. Si la valeur sur le modèle est plus claire que ce que vous pouvez atteindre avec votre fusain, vous avez une chance qui n’est pas toujours au rendez-vous. Dans ce cas ne dépassez pas la valeur observée.
Si, comme c’est bien souvent le cas, vous ne pouvez obtenir qu’un ton d’une valeur inférieure à ce que vous voyez, vous déciderez de compresser votre gamme, ce qui n’est pas compliqué.
Commencez par placer dans la zone, et non pas sur toute la zone, une petite surface échantillon.
Au fur et à mesure que vous traîterez de nouvelles zones, vous évaluerez leur valeur par rapport à cet échantillon.
Commencez par les zones les plus claires du modèle appartenant toutefois à la famille des foncés. Voyez ensuite celles qui sont un peu plus soutenues et gardez toujours une marge de manoeuvre entre deux tons déjà posés afin de pouvoir déterminer des zones de demi-tons bien espacées entre le foncé le plus clair et le foncé le plus foncé.
Ainsi vos valeurs vont prendre forme en parfait respect de leur ratio et de leur espacement dans la gamme.

Prenons un exemple.

Supposons que vous ayez une gamme de valeur imprimée de 10 tons allant du blanc pur (0) au noir intense (9) Vous discernez sur votre modèle un ton foncé maximal de 8. Vous essayez de le reproduire en échantillon et vous ne pouvez atteindre que le (7) Vous constatez aussi que le ton le plus clair de la famille foncée correspond au (5). Vous devrez alors vous contenter de trois espacements (5,6 et 7) pour interpréter davantage de nuances visibles sur le modèle.
C’est ce qui s’appelle compresser la gamme. Cela veut dire que vous ferez des espacements de tons plus serrés sur votre dessin que ceux de votre modèle. Leur relativité sera juste mais pas leur espacement. Toute cette démarche peut paraitre complexe et difficile à réaliser sans un appareil de mesure et une règle à calcul. Il n’en est rien. La nature a doté l’homme d’une finesse de perception visuelle qui, bien entraînée vous donnera les réponses instantanément. Au début vous allez peut-être un peu tâtonner mais vous serez dès le premier jour capable de dire si un ton comparé à un autre offre un écart suffisant ou non comparé au modèle. Et c’est à ce moment que votre sensibilité personnelle donnera votre propre style à vos choix de valeurs.

Lorsque votre famille foncée sera établie en totalité, construite en allant de préférence des plus clairs aux plus foncés, vous aurez donné à la zone foncée maximale sa juste teinte et toute la famille foncée sera cohérente. Passer alors à la famille des clairs.

La famille des clairs
Les deux familles, je vous l’ai dit, ne se fréquentent pas et même il faut veiller à respecter une certaine distance entre les deux. Qu’est-ce que cela veut dire en pratique ? Cela signifie que les zones les plus claires (ou les moins foncées de la famille foncée) ne doivent jamais ressembler aux teintes les plus foncées des clairs. C’est en effet une drôle de règle mais elle s’explique comme ceci :

L’œil a besoin de comprendre dans un sujet, ce qui est éclairé et ce qui est dans l’ombre. Si vous ne séparez pas clairement ce qui est sombre de ce qui est clair, quelles que soient les nuances dans chaque catégorie vous allez créer des zones de doute pour le spectateur qui vont perturber son appréciation et, sans qu’il ne s’en doute, il va rejeter une partie de l’histoire que vous avez écrite en dessinant.
Il faudra donc prendre les devants et laisser un vide à l’endroit où vous avez décidé de creuser une tranchée idéalement placée qui va empêcher vos deux familles de s’approcher.

Laisser ce vide c’est un peu comme parler en faisant attention à bien articuler les mots mais sans prononcer les liaisons. C’est ce que l’on fait pour parler à un enfant en déliant les mots, en les séparant par de mini silences et sans faire les liaisons orales qui peuvent l’empêcher d’identifier un mot qu’il ne connait encore que prononcé seul. En faisant cela vous l’aidez à comprendre plus facilement le sens de votre propos.

Il en va de même quand vous voulez exprimer au mieux le sujet de votre dessin qui, faut-il le rappeler, cherche souvent à décrire un sujet tridimensionnel et en couleurs par une monochrome et en deux dimensions. Cela tient presque de la magie même si nous y sommes habitués.
Alors comment allez-vous faire pour maintenir ses deux familles à distance alors qu’il peut si vite arriver de les faire se rencontrer ?
Je l’ai déjà évoqué plus haut.

Pincez les yeux, observez le modèle au travers de vos cils et les demi-tons disparaîtront.

En procédant de la sorte, vous aurez une perception juste de chaque famille et cela vous aidera à vérifier que les zones que vous aviez «étiquetées» comme foncées sont toujours présentes et visuellement liées. Aucune surface ne doit sembler pouvoir se ranger indifféremment d’un côté ou de l’autre. Si cela se présente, tranchez et faites glisser vers le clair ou le foncé les demi-teintes orphelines en les interprétant un ton au-dessus ou en-dessous de la réalité.

Il existe un autre moyen de séparer les deux familles sans se tromper. Il s’agit du miroir noir, un outil trop souvent négligé. Je m’étais engagé à vous aider à découvrir le Sight Size en moins de trois heures ce qui ne me permet pas de détailler l’usage du miroir noir mais regardez votre dessin dans le miroir noir que votre téléphone éteint remplace avantageusement et vous comprendrez que le miroir noir compresse les demi-tons et permet d’identifier peut-être un peu plus facilement la famille dans laquelle tombe chaque valeur regardée dans cet objet.

Vous avez découvert avec cette initiation la magnifique technique du Sight Size et j’espère que vous en avez saisi les fondements et surtout tout son intérêt. En relisant attentivement de temps en temps les principes fondamentaux exposés ici, vous lutterez efficacement contre les mauvaises habitudes qui arrivent parfois à reprendre le dessus. Le Sight Size et les bases du dessin académique vous aideront à progresser rapidement en précision et en qualité de rendu.